Lucille VanHorn (Chapitre I) Fini

Le noir, profond et intense.
Le silence aussi, calme et serein.

Puis quelque part au fonds de soi une petite étincelle, une vague douleur comme un brasier qui s'étoffe au fur et à mesure que l'on souffle dessus. Un battement, une pulsation qui enfle en son sein.

Des yeux qui clignent. Pas de lumière. pas de vie. Où est-elle ? Il fait sombre. Pas totalement noir. Sombre. Opaque. Elle ne voit pas vraiment où elle est. Se souvient-elle seulement de son nom ? Oui. Lucille. Oui elle s'en souviens. elle se souviens aussi ce qu'il s'est passé hier soir. Mais .... non... elle ne se souviens pas du "après". Que c'est-il passé entre le moment où ce garçon - c'était quoi déjà son nom ? - la raccompagne chez elle et.... Maintenant.... ? Est-elle chez elle ?
Lentement elle tourne la tête. Aïe.... Non .... C'est douloureux. Pourra t-elle soulever son bras et venir toucher cette zone sensible? Oui ... Oui apparemment son bras lui réponds. Aïe... c'est poisseux, c'est gluant et ça lui pique le sommet du crâne. Elle porte sa main devant ses yeux, proche, si proche qu'elle se colle presque les doigts dans les yeux. Elle voit une tache sombre. Merde .... C'est du sang? pense t-elle. Il semblerai. Mais c'est légèrement granuleux sur son crâne, ça doit faire un bon moment que c'est là, ce n'est plus de la première fraicheur.

Moralité. Elle ne doit plus être chez elle.
Mais où je suis ... ?
Dans un affreux cauchemar ! lui souffle la voix de la raison. Ouai, un affreux cauchemar.... Mon cul ouai ... Pense son cerveau.

Maintenant qu'elle est consciente un autre détail la froisse.... Elle a froids ... Et c'est presque sans surprises qu'en baissant les yeux elle constate qu'elle est nue. Nue et vautrée sur un bureau. Ca serait presque drôle tien. Elle a déjà vécu ce genre de scène, une fois elle avait prit trop de cocaïne et s'étaient réveillée un matin sur un bureau, à poil et les jambes écartée. Tout ça au milieu d'inconnus.

Allez, relativisons, au moins ce matin je suis toute seule !

Sa remarque la fait rire et son rire rauque résonne bizarrement dans cette pièce nue et vide.

Merde ... ça fout les jetons ...

Doucement, délicatement, elle se redresse. Le bureau semble stable à défaut de solide. C'est déjà ça, elle ne risque pas de se casser la gueule piteusement et se planter des trucs dans le corps. Une nette amélioration.... Mais la pénombre la gêne, elle voudrait allumer une lumière, trouver une source quelconque de lumière pour se sentir mieux. même si elle ne se l'avoue pas elle a un peu peur. c'est ténu, mais c'est présent, comme un horrible ver qui rongerai la pomme qu'elle est. Elle tend sa jambe gauche tatonne du bout du doigts de pieds pour trouver une zone sans risque où le poser. Elle trouve et se dit que c'est bien, le premier pas est fait. Il ne lui reste plus qu'à sortir de là ....

Le sol était sale et froid sous ses pieds nus. C'était comme toucher du bout de l'orteil le corps d'un lézard, visqueux et doux à la fois, lisse et pourtant recouvert d'une fine particule rugueuse. Lucille frissonna de haut en bas, sentant l bout de ses tétons pointer et tous ses poils se dresser. Tout à coup quelque chose se planta sous son pieds. Elle étouffa un petit cris de souris et se maudit immédiatement pour ça. C'était quoi ça ? De la peur ? De la surprise ? Depuis quand elle éprouvait ce genre de sentiments ? Foutaises. Elle avait juste marcher sur une connerie quelconque. Se baissant pour voir ce que c'était, elle trouve un objet long, fin et lisse. Dans la pénombre elle ne distingua rien, mais se sentit étrangement réconfortée par ce contact vaguement habituel. Cet objet elle le connaissait sans pour autant réussir a mettre le doigt dessus.

- Bon .... Je fais quoi moi maintenant .....

Sa voix lui parut étrange à résonner ainsi dans cette pièce inconnue. Convulsivement, sa main se raffermit sur l'objet qu'elle tenait. Elle trouva ce contact rassurant, comme si c'était .... une arme.
Une arme ?
Pourquoi pensait-elle à ça ? Lorsqu'on en venait à songer à un objet non identifié comme une arme potentielle c'était que l'on était loin d'être en sécurité. En même temps, se retrouver nue dans une pièce noire et inconnue, ça n'aidait pas vraiment à se sentir en sécurité. Donc quelque part son association d'idée n'était pas totalement dénuée de sens.

Allez remet toi ma fille.... Et casse toi d'ici !

Voila des paroles censées. Voila ce qu'il lui fallait faire. D'ailleurs en parlant de ça, trouver de quoi s'habiller n'était pas une mauvaise idée. Mais où trouver des fringues dans un bordel comme ça. L'objet non identifié en main, elle se mit à tatonner deci dela comme une aveugle, répandant moult noms d'oiseaux das sa tête. Ses mains rencontrèrent alternativement des bouts de bois, de la poussières, des espèces de fioles et ... un truc mou qui s'écrasa sous son pieds et répandit une douce odeur de....

- Banane ?!

Est ce qu'elle hallucinait ? Venait-elle d'écraser une banane ?! Un petit tour dans sa bouche lui apprit que oui, elle venait bel et bien de croiser un fruit. Et qu'accessoirement, son estomac était vide et souhaitait ardemment se repaitre de cette mâne providentielle. Sans vraiment réfléchir, elle enfourna le tout d'un coup. C'était un peu mou et tiède, mais dieu que ça faisait du bien ! Une fois repue, elle se décida à quitter cet endroit lugubre. Elle venait justement de trouver la poignée de la porte.

Du moins l'espérait-elle .....