Elryk Nefereth (Chapitre I) [FINI]

Elryk ouvrit lentement les yeux. Une terrible douleur fondit de ses membres à son cerveau. Calmement, sans faire le moindre son ou la moindre grimace de douleur, il regarda ses membres. Il vit que son bras droit et ses jambes étaient coulés sur une sorte de chevalet. Seul son bras gauche était opérationnel. Il n'avait aucun souvenir de la situation. Il avait très certainement été drogué lors du vol, par un gaz, ou un poison de contact. Il se concentra et fit une prière intérieur, honorant son père Anubis, et l'implorant de lui venir en aide. Puis il observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Le bleu était omniprésent. Les murs semblaient étranges. Ces veines bleutées ressemblaient aux sillons que faisait le Nil dans le Delta. Il leva la tête et vit un tout petit oiseau qui voletait au dessus de sa tête. Il se méfia immédiatement de cet animal. Son instinct surement. Il regarda la porte et vit une ombre faire des mouvement derrière. Cela ressemblait à un pendule qui allait et venait, ou bien à une guillotine qui se balançait, attendant de le faucher. En reportant son attention sur les murs, Elryk y distingua une pierre bleue plantée, sûrement un saphir. Il regarda de nouveau son corps, et constata qu'il était entièrement nu. La première chose à faire était de se libérer de cette croix. La douleur restait supportable.

D'abord, il tendit la main vers le mur, pour voir si le saphir était à portée. Puis il tapota la croix du point, pour voir si le bois était solide, ou s'il pouvait espérer la briser. Enfin, il observa les clous qui le retenait prisonnier. Si c'étaient des clous a tête, il devrait trouver une solution, sinon, il pourrait facilement se libérer en tirant bien fort pour qu'ils passent au travers de ses pieds et de ses mains. Cela serait juste extrêmement douloureux.

Bon, la situation n'était pas désespérée, et ce n'est pas cette fois qu'Elryk aurait recours à sa fiole de poison personnel. Il regarda les clous et se dit qu'il allait avoir très mal. Il regarda le petit oiseau se poser sur son orteil, puis s'envoler vers un petit trou dans un des murs de la pièce. Il gardait en tête cet orifice qu'il irait inspecter, mais avant ça, il fallait se libérer. Il regarda son bras droit. Le clou dépassait, mais heureusement ne semblait pas avoir sectionné de nerfs. Il gardait le contrôle de son bras. Inspirant profondément, il banda ses muscles et tira de toutes ses forces sur son bras, espérant faire passer le clou au travers de son poignet. Son corps couvert de cicatrices prouvait qu'il avait déjà du passer par des épreuves aussi éprouvantes, si ce n'est plus. La seule chose qu'il faudrait, ce serait trouver quelque chose de fort pour désinfecter, et du tissus pour faire un bandage de fortune. La douleur qu'il ressentait aurait certainement suffit à faire défaillir n'importe qui, mais c'était un mal nécessaire. C'était ça ou rester cloué comme un insecte sur sa planche de bois vermoulue. Une fois libéré, il pourrait envisager la suite des évènements.

Toujours aussi calme, Elryk observa les changements qui venaient de s'opérer dans la pièce. Il semblait que le mur avait... bu? son sang, et l'avait assimilé. Les veines présentes dans les murs palpitaient a présent, et l’Égyptien avait l'impression de se trouver a l'intérieur d'un organisme vivant. Un rapide coup d’œil au piaf l'informa que ce dernier le regardait attentivement, comme s'il attendait de voir la suite des évènements. Il ne se comportait décidément pas comme un animal normal. Le coup assourdissant de la chose qui venait de frapper à la porte et de la fissurer ne lui dit rien qui vaille. Son instinct lui soufflait qu'il ne devait pas se trouver a proximité de cette porte quand elle allait céder. Quoi que fut cette chose qui frappait, il n'avait nul envie de le prendre en pleine figure. Ses jambes étaient encore prisonnières de la croix, mais il avait les deux mains de libres, ce serait plus facile désormais. Mais le temps jouait contre lui. Il fouillerais la pièce plus tard s'il en avait l'opportunité. Il se pencha en avant, et, de toutes ses forces, tira sur ses jambes pour les libérer des clous, toujours dans le silence.

La douleur écrasante lui faisait tambouriner le cœur dans la poitrine. Il souffrait le martyr, avant un poignet et les deux pieds troués, mais au moins, il était libre. L'atmosphère dans la pièce devenait oppressante, étouffante. Le temps semblait s’accélérer, avec à la fin du compte a rebours un destin funeste. Le martellement de l'ombre contre la porte venait ajouter à la sensation d'angoisse. D'instinct, il recula le buste de quelques centimètres et sentit le déplacement d'air que produisit le saphir en le frôlant. Il jeta un œil rapide à l'endroit d'où venait la gemme et vit la langue sortir du mur, suivi de plusieurs autres. Il n'avait jamais vu un tel phénomène, mais ce n'était pas maintenant qu'il allait commencer à perdre son sang froid. D'un geste, il ramassa le saphir et se précipita vers l'ouverture où se trouvait l'oiseau qui piaillait frénétiquement. Il observa de l'autre coté et vit le mécanisme qui actionnait la chose frappant à la porte. Le mécanisme semblait fragile. Pendant un instant il hésita sur la marche à suivre. Devait il laisser la masse défoncer la porte, et aviser par la suite? Ou essayer de briser le mécanisme, au risque de se retrouver enfermé dans cette pièce si la porte n'était pas ouvrable? Il pris parti de la seconde option et se positionna de sorte a ne pas risquer de recevoir quelque chose de plein fouet une fois la porte enfoncée. Il verrais alors qu'est ce qui a frappé avec tant d'insistance.