Le verre brisé vole partout sans toucher Butch fort heureusement. Il se protège le visage et ne voit pas l'eau se ruer sur lui. Accusant le coup, déstabilisé par le coup de poing aqueux dans le ventre il manque perdre l'équilibre mais se rétablit de justesse. La morsure du froid est immédiate et cruelle. Elle le brûle et le pince à la fois et sa peau cherche désespérément à s'échapper de sa chair. Jurant doucement, il lutte contre l'engourdissement qui le guette pendant que l'eau retrouve un semblant de calme, vite stoppée dans ses élans par les trois autres murs de sa prison. Elle monte lentement. Horriblement lentement. La regarder c'est comme regarder une fleur en train de fleurir. On sait que ça bouge, mais pas possible d'en saisir le mouvement.
De toute manière, pas la peine de s'en soucier. En face de lui se dresse un problème ... De taille.
L'espèce de tas de boue noire qu'il avait finit par oublier est encore là. Noire et opaque, bougeant, grossissant et se métamorphosant sous ses yeux. pas besoin d'attendre pour qu'elle bouge, tout est tellement rapide qu'il ne peut rien faire. de misérable flaque elle pousse et grandit, se taille une forme humanoïde de forte carrure. A peu prés sa taille. a peu prés sa carrure.
- Putain de merde non .... C'est une blague c'est ça ?!
Il est abasourdi. Trop pour réagir sciemment. Un fou rire le secoue et il explose de rire là comme ça, le corps dans l'eau devant un mannequin de boue de lui même. Le fou rire est trop soudain pour qu'il le retienne. Non, de toute manière il ne pourrait pas. Toute cette histoire devient trop grotesque, trop ridicule. Trop. Son rire se calme et son visage se fige dans une expression grotesque de dédain et de moquerie.
- Hey mec, tu veux me faire croire des conneries de psy c'est ça ? Le vieux duel contre soi même.
Laisse moi deviner Goliath de mes deux, je te bats et j'ai l'autorisation de passer c'est ça ?!
Il rit encore. Il a déjà lu ça dans des livres lorsqu'il lisait encore : l'éternel duel contre son pire ennemi : soi même.
Allons bon, s'il faut se battre et se foutre des torgnoles il va se battre. Il en a marre de se les geler dans la flotte et il doit bien avouer qu'il a envie de coller une branlée à la première personne qui croisera sa route et qui lui donnera ne serai ce que l'ombre d'une bonne raison de lui tomber dessus. Loin d'avoir oublier les gestes, Butch se met en position, jambes fléchies et écartées, poings serrés et dressés devant son visage, coudes collés au corps pour ne pas laisser d'ouvertures.
C'est parti.